Avant de tenir une caméra, j’ai habité d’autres formes : le droit, le théâtre, la direction artistique. Chacune a affûté mon œil, nourri mon attention. De la salle d’audience à la scène, du théâtre au cadre, le fil conducteur de mon chemin, c’est le regard — ce regard qui saisit, brûle et s’affirme sur scène. Celui que je corrige, oui, avec des lunettes, mais que je refuse de changer. C’est le mien. Je l’ai façonné au fil des années, patiemment, obstinément. Personne n’y touche. Encore moins un chirurgien.
Après des études en droit et sciences politiques (Assas, Sciences Po, King’s College) et quelques années comme avocate, j’ai choisi de me tourner vers le théâtre. J’y ai exploré la puissance du récit, la présence, la voix. J’ai écrit, joué, mis en scène, produit, et fondé en 2015 le festival Les Nuits des Arènes.
En 2024, j’ai décidé de faire de l’image mon terrain principal. Formée à l’INA en prise de vues, puis chez RVZ, j’ai commencé à construire une approche du cadre et de la lumière, en m’appuyant sur une sensibilité acquise au fil de mon parcours.
Un jour, une cheffe opératrice m’a dit que ce métier, c’était aussi dévoiler son propre regard — et que ce n’était pas rien. Que c’était s’exposer.
Cadrer, pour moi, ce n’est pas seulement composer une image. C’est donner à voir un point de vue, une façon d’être au monde. Je cadre avec l’envie de capter le vivant. Faire de la caméra un prolongement du regard — un outil d’écoute.